La Traversée du Désert

Salar d'Uyuni. 3653 mètres d'altitude. Le plus grand désert de sel du monde. 12 000 km2 de platitude salée, une piste cyclable infinie où l'on peut rouler les yeux fermés, deux jours de bonheur en vélo.
Vision féerique d'un monde bicolore, sol blanc et ciel bleu, et le cyclo qui roule tout simplement au milieu.

Le Sud Lipez, c'est une autre histoire. 300 km de piste infâme entre 4000 et 5000 mètres d'altitude. Sable, tôle ondulée, pierres; tandis que l'Equipe de France encaisse les buts, nous encaissons les chocs sur nos bicyclettes.
Un vent glacial, violent, souffle en permanence, nous balaie, nous freine ou nous pousse au gré de sa folie. Les nuits sont fraîches (-16 °C un matin au sortir de la tente), les pauses pique-nique frigorifiées.
Grâce à un topo CCI erroné, nous avons manqué d'eau et de nourriture pendant deux jours. Fatigue, froid, faim, soif, nous avons vécu là-haut les 6 jours les plus durs de tout le voyage.

Mais quelles beautés : des lacs rouges, verts, bleus, aux abords blanchis de sel, refuges pour les flamants roses, des volcans en pagaille, des roches de toutes les couleurs, des immensités de sable et de pierre. Un sentiment d'isolement extraordinaire. Et toujours ce ciel si pur, d'un bleu intense, immaculé, comme un «Monochrome» de Whiteman.
C'est l'Enfer du cycliste et le Paradis du touriste. Nous sommes des cyclotouristes et nous ne savons pas qui des anges ou du Diable nous a conduit ici.

Pour conclure en beauté notre session andine, nous nous sommes offerts l'ascension en baskets du Licancabur, 5916 mètres. Du haut de ce tas de cailloux, la Laguna Verde n'a jamais été aussi verte et nos rêves de voyageurs n'ont jamais flotté aussi légèrement dans l'air frais du matin.

le 30 juin 2002

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