Pérou, entre cimes et ciel

Chiclayo, morne plaine

Les mollets encore durs des rudes montées équatoriennes, nous mettons avec soulagement les pieds dans le plat en entrant au Pérou. Hélas, c'est un affreux plat de résistance qui nous attend, luttant contre un vent de face permanent, parfois vent de sable, dans ce désert de Sechura où nous roulons tête baissée toute la journée, sans savoir où l'on s'échouera le soir venu.

La Cordillère Blanche : les plus belles montagnes du monde?

Au village de Chao, nous disons "Tchao !" à la Panaméricaine. Un "Stairway to Heaven" de terre et de cailloux nous conduit 3000 mètres plus haut au Paradis des Montagnards : Huaraz.

Un trek de 3 jours nous permet d'approcher ces sommets mythiques que sont l'Alpamayo ou le Huascaran et d'admirer tant d'autres pics inaccessibles, vertigineux, aux parois si raides et pourtant couvertes de neige. La grêle et la neige nous surprennent à 4700 mètres, et nous terminons la randonnée sous la pluie, pataugeant dans la boue jusqu'à l'écoeurement, fatigués, courbaturés, diarrhéiques, signe qu'on ne s'aventure pas impunément au Royaume des Dieux.

De Huaraz a Ayacucho : que la route des Andes!

Nous reprenons notre cycle de pédalage pour une session d'anthologie au coeur des Andes. Un premier col à 4800 mètres nous offre une vue à couper le souffle entre Cordillère Blanche et Cordillère Huayhuash. Et ça ne fait que commencer! Une semaine plus tard, nous passons sur une piste en terre l'Abra Huyahuay, 5059 mètres, plus haut col routier d'Amérique.

Tout comme l'électorat français, les routes péruviennes ont le goût de l'extrême, et nous franchissons l'Abra Apacheta, 4746 mètres, deuxième plus haut col asphalte du monde, le premier se situant, paraît-il en Inde. Que Seb-Le-Patriarche (sebastien.erpelding@caramail.com, l'Asie en vélo depuis 15 mois!) veuille bien nous en donner confirmation. Pédalant ainsi 4 jours à plus de 4000 mètres, au milieu de paysages grandioses que seule la haute montagne semble pouvoir offrir, nous nous fabriquons des globules rouges pour l'avenir et des souvenirs pour la vie.

En terre Quechua

Malgré les efforts évidents du gouvernement, notamment en matière de santé et d'éducation, ce Pérou Quechua reste celui des laissés-pour-compte. Isolement rime ici avec sous- développement; au pays du Sentier Lumineux, l'éclairage n'a pas encore pris le chemin des maisons!

Des gamins crasseux nous courent après en riant; les chiens nous harcèlent; les "Gringo, Gringo!" fusent autour de nous; gorets, vaches, ânes ou lamas occupent la chaussée à nos côtés. Les sourires au bord de la route n'ont jamais été aussi nombreux et, partout, nous recevons un accueil extraordinaire, dans ce Pérou qui restera pour nous celui de l'hospitalité et de la gentillesse.

Dans les marchés colorés, entre deux étalages de tripes, coeur sanguinolents, pattes de porc et autres têtes de vaches, nous goûtons aux spécialités locales: « sopa de cabeza » où flotte la mâchoire de la bête, « pansa empanada » ou « cuy » au four. Cuidado! Le « cuy » se mange bien cuit et voilà le cochon d'inde entier qui s'offre à vous dans l'assiette. Riquissimo!

Arrivés à Cusco, après 8 mois de bons et loyaux sévices et presque 15 000 kilomètres parcourus en vélo, l'heure des vacances a sonné. La soeur de Junior vient nous rejoindre pour 3 semaines; au programme : le Machu Picchu, le lac Titicaca et des trekkings dans la Cordillère de Vilcanota et la Cordillère Royale. Ça va relaxer!

Cusco, le 8 mai 2002

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