La route aux mille sourires

Du Yucatan aux Portes du Darién, deux mois, 3600 km, et tellement d'images et de sensations, de visages et de sourires.

De la fraîcheur des cols à 3000 mètres à la canicule des basses terres, de la mer turquoise des Caraïbes aux vagues du Pacifique s'échouant sur d'immenses plages désertes, des ruines mystiques de Tikal, dissimulées dans la jungle, aux buildings de Panama, s'élançant vers le ciel, comme hurlant à la face du monde la vanité des hommes et leur soif de démesure.

Forêts tropicales du Petén, volcans endormis du Salvador ou fumants du Nicaragua, champs d'ananas, de café, de canne à sucre, de maïs, vastes pâturages à l'herbe jaunie. Petits villages de huttes au toit de chaume, ports de pêche paisibles, folie de grandes villes, asphyxiantes, étouffantes, fumée noirâtre des bus et des camions, pas des chevaux ou des attelages de bœufs, qui résonnent sur la chaussée comme les vestiges d'un autre âge. Des rastas du Belize aux indiennes Mayas en costumes colorés, jeunes en jeans et casquette américaine, fiers cavaliers aux santiags et chapeau de cow boy.

Et partout le sourire accueillant de nos hôtes d'un soir, des écoliers nous encourageant sur le bord de la route, des gamins criant "gringos, gringos !" à notre passage. Et quelle gentillesse chez ces familles d'accueil chaleureuses, curieuses et généreuses. On en oublierait presque les guerres civiles meurtrières qui ont ravagé ces pays il y a si peu de temps.

Campant aux portes d'une église guatémaltèque, et conviés à l'office, nous tombons chez les fous de la messe. Au son d'un orchestre assourdissant, les fidèles chantent et frappent des mains ; un pasteur en transe enflamme la foule d'un sermon endiablé. Une nuit d'autel qu'on n'est pas prêt d'oublier!

A Leon, Nicaragua, c'est jour de fanfare. Des centaines de jeunes musiciens, en uniforme de leurs écoles, défilent dans la ville, nous offrent un festival de rythmes et de danses. C'est le Brésil dans la rue, les cuivres en liberté.

A la Libertad, Salvador, au bord du Pacifique, nous achetons sur le port du poisson séché qui ravit nos papilles gavées de tortillas et de riz.

Dans le Parc National de Santa Rosa, Costa Rica, nous passons deux jours à l'affût : coatis, agoutis, singes, toucans et autres oiseaux multicolores n'échapperont pas à notre oeil de lynx. Photos et films à l'appui! Et on ne vous parle pas des lacs turquoises au fond de gigantesques cratères fumants, des coulées de lave rougeoyantes dans le petit matin...

L'Amérique Centrale, ce fut aussi des journées entières (trop nombreuses à notre goût) à lutter contre un vent terrible, sous une chaleur accablante, sur une panaméricaine parfois bien ennuyeuse ; ce fut la fête des fruits, cocos, mangues, ananas, pamplemousses... ; des frontières qui s'enchaînent, tampons et taxes à gogo, routine du change au noir.

Et comme pour annoncer notre départ vers un nouveau continent, nous franchissons le Canal de Panama, où se rejoignent les deux Océans. Demain, l'Equateur, les Andes, et l'ivresse des hautes altitudes...

le 2 mars 2002

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