Chemins de traverse

Après Mexico City et dix jours formidables chez Anne et Lili, nous avons quitté les itinéraires classiques pour aller visiter l'Oaxaca et le Chiapas.

Forcément, les cyclos ne prennent pas les autoroutes. Nous si ! Et nous ne sommes pas les seuls : sur la bande d'arrêt d'urgence, nous croisons troupeaux de chèvres, cyclistes en contresens, piétons traversant n'importe où, bus déposant des passagers au milieu de nulle part et autres vendeurs de friandises...

Forcément, les cyclos évitent les montées inutiles. Nous non ! Nous enchaînons les côtes et finissons encore par manquer d'eau. Cette fois, nous appliquons la méthode du Québécois-aux-mollets-d'acier (stephanebissonvoyage@hotmail.com, tour du monde en vélo, enfin peut-être...) en ramassant les bouteilles de coca à moitié pleines dans le bas-côté.

Comme il se doit, nous tentons de célébrer dignement les fêtes de fin d'année. Pour Noël, une crevaison de dernière minute nous impose un bivouac à la périphérie d'une ville, avec comme menu de réveillon, du riz à rien et une omelette au sucre en dessert. Qu'importe, nous nous rattraperons pour le Nouvel An. Pendant trois jours, nous envoyons du steak pour arriver à Tuxtla Gutierrez, capitale du Chiapas, où il ne se passera rien. C'est la soirée loose : aucune animation, pas de musique, les rues sont vides et nous rentrons nous coucher à 22 heures !

Le Chiapas est une terre montagneuse, difficile d'accès. La rébellion zappatiste de 1995 n'est pas loin : quand les paysans en colère ne bloquent pas la circulation, créant des bouchons de plus de 40 kilomètres, ils rackettent les automobilistes (et même les cyclos) pour d'obscures raisons politiques. Nous y grimpons les côtes les plus longues et les plus raides du voyage, dans une atmosphère brumeuse et humide. Même les nuits sont mouvementées : coqs et chiens semblent s'être donnés le mot pour nous empêcher de dormir et les vaches viennent brouter la tente à une heure du matin !

Mais ce que nous retiendrons surtout de cette étape mexicaine, ce sont les rencontres fabuleuses que seul le voyage à vélo semble permettre. À Oaxaca, les hasards de la route nous font croiser Eric, que Xav avait connu au refuge du Gouter. Soirée inoubliable et fraternelle en compagnie de sa famille. Sur les hauteurs de Chiapas, nous demandons un soir l'hospitalité dans un petit village. Nous sommes accueillis par des indiens Totziles, vêtus de costumes traditionnels colorés et ne parlant pas espagnol. L'étonnement est réciproque. Et nous voilà montant la tente et préparant la cuisine sous le regard amusé et intrigué d'une bonne vingtaine de gamins et d'adultes. Visages superbes, sourires, chuchotements, curiosité et timidité.

Ce n'est que le début de cette route aux mille sourires qui, du Yucatan au Bélize, nous apportera tant de rencontres chaleureuses et surprenantes...

Guatemala City, le 25 janvier 2002

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