L'Alaska et le Yukon, ça cartonne!

Selon un proverbe nord-américain, "En Alaska, il y a 4 saisons : juin, juillet, août et l'hiver". Honnêtement, c'est exagéré. En 18 jours, depuis notre départ d'Anchorage le 7 septembre, il n'a même pas gelé toutes les nuits! Quand il ne gèle pas, en général, c'est qu'il pleut.

Fort logiquement, comme notre destination finale est le Chili, nous avons roulé plein nord 4 jours durant, afin d'aller voir le Denali (Mont MacKinley), 6194 mètres, plus haut sommet d'Amérique du Nord. Nul mot ne saurait décrire la pureté et la majesté de cette montagne mythique qui nous fascine.

Ensuite, nous avons abandonné le confort du bitume pour 4 jours de piste caillouteuse sur la Denali Highway, perdue au milieu d'immenses plateaux de forêt et de taïga que dominent les superbes sommets de l'Alaska Range. Parfois, dans le nuage de poussière provoqué par le passage d'un 4X4, nous nous croyons en plein western, filant sur nos fidèles montures dans les plaines sauvages du Far West, tel Seb le Patriarche ( en vélo en Asie depuis février 2001! ) chevauchant fièrement un pur-sang fougueux sur le grand plateau mongol.

Après cette incartade de 160 miles, nous retournons dans le droit chemin, celui qui mène au Canada. Enfin, droit ne veut pas dire plat, nous prenons cher dans les montées qui s'enchaînent et l'on se dit que, n'étant pas loin du Détroit de Béring, il n'est pas étonnant que les routes alaskanes soient de vraies montagnes russes.

Une question vous brûle sûrement les lèvres : qu'en est-il de la faune locale ? A vrai dire, on est déçu. On a bien vu quelques porcs-épics, écrasés sur le bord de la route, des écureuils, bien vivants eux, des rapaces non identifiés, et quand même des orignaux et des grands cerfs. Mais toujours pas d'ours !!! Et pourtant, ce n'est pas faute de cuisiner des saucisses à 10 mètres de la tente en plein milieu de la forêt à la nuit tombée ...

Les spécimens les plus intéressants restent les bipèdes, vivant souvent dans des camping-cars gros comme des autobus. Ainsi, cette vieille dame californienne s'étonnant que nous n'ayons pas d'arme a feu, ou ces 2 alaskans venus s'entraîner au tir à la carabine et au pistolet à 50 mètres de notre tente. Il faut dire que si nous campons parfois dans un cadre extraordinaire (lacs, rivières, montagnes ...), il nous arrive aussi de nous poser à l'arrache au milieu d'une carrière ou d'une décharge !

Si en France notre voyage n'intéresse personne, ce n'est pas le cas ici. Notre course contre l'hiver interpelle d'autant plus les gens qu'elle est perdue d'avance. Les témoignages de sympathie sont nombreux : on vient nous parler, on nous "anchorage", nous avons signé des autographes, été filmés et pris en photo. Sur la route, les automobilistes nous font signe de la main : pour les plus économes, c'est juste un doigt (tu veux pas un whisky d'abord ?), parfois deux, un vrai coucou enthousiaste ou un coup de klaxon (on adore ceux des énormes trucks). Un type s'est même arrêté pour nous offrir une saucisse. Un autre nous a régalés de jus d'orange et de Toblerone ! Mais ce n'était pas innocent : il faisait de la pub pour son hôtel a Whitehorse, capitale du Yukon, première véritable ville depuis Anchorage, et encore. Peut-on appeler ville ce rassemblement de bâtiments administratifs, magasins et fast foods en tous genres ?

Après 18 jours de route non-stop et plus de 1500 km dans le froid, le vent ou la pluie (parfois les trois en même temps), la pause s'impose. Ca tombe bien puisqu'on avait négligé jusque là le seul remède contre les tendinites : le repos. Et nous voilà sous notre première douche chaude, constatant l'étendue des dégâts causés par le froid : début d'insensibilité des pieds et des doigts.

Vivement la Californie !!!

Whitehorse, le 25 septembre 2001

[Accueil]